Toronto and Ontario

Je me souviens d’une station de wagon qui coupe la nuit

Qui ouvre la nuit du nord comme un couteau de chasse ouvre sa proie

Nous sommes tous là, ma mère, ma soeur, son mari et ses enfants

Tous dans cette voiture

C’est Johnny B. Good Leblanc qui conduit

Son visage vaguement éclairé par la lueur du tableau de bord

Je suis le seul des passagers qui ne dort pas

Tandis qu’on continue avec un océan de vert meurtri de chaque côté

Ma soeur dort sur le banc d’en avant

La noirceur qui rentre et sort de sa bouche ouverte

La nuit est longue et sans plis

La nuit est longue et sans plis

La nuit est longue et sans plis

La nuit est longue et soudainement

Quelque chose déchire le tissu

Quelque chose bouge là et le pare-brise devient un écran cinémascope

Les phares de Twentieth Century Fox et Gulf Western éclairant l’animal

L’animal

L’orignal en plein milieu du chemin qui fige et fixe son destin qui roule vers lui à 60 miles à l’heure

Ses yeux…

Ses yeux…

Ses yeux ô dieu son regard jusqu’à la dernière minute et le choc sourd-muet de fer contre chair

Et ma soeur qui se réveille en criant un grand cri fou et final

Comme si l’âme de l’orignal avait passé dans elle en mourant et enfin…

Le silence

Le silence de notre silence

Dans le silence entre Timmins et Toronto.

Je me souviens…, Patrice Desbiens

Over the warming ground, …

… swings toll like clock tower bells.

Squirrels spiral the trunk of a pine.

We fill a pail with sand.

The day is robin’s eggshell fine.

My mother’s shoulder had three shallow scars.

Shinning archipelago.

The quiet theaters of our lives.

Immune is a sung word, skirting sorrow.

Kneeling at no registry of toddlers …

… with amorphous voices.

Night sweats without monument.

The lake has the sea on its breath.

One man has an island.

Lake Ontario Park, Sadiqa de Meijer

Photographies by May Bucilliat